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Pincevent, un campement de chasseurs de rennes

Situé sur la commune de la Grande Paroisse en Seine-et-Marne, le site de Pincevent a été régulièrement fréquenté par des chasseurs magdaléniens, il y a plus de 14 000 ans. Fouillé depuis 1964, le site a livré plus d’une quinzaine de niveaux d’habitation enfouis sous les limons de débordement de la Seine. Des restes de campements très bien conservés ont pu être dégagés sur plusieurs milliers de mètres carrés.

Une halte en bord de Seine

Un environnement propice pour camper

Situé sur la rive gauche de la Seine, entre les confluences de l'Yonne et du Loing, le site de Pincevent est situé près d’un ancien gué.

Il y a plus de 14 000 ans, au début de l’automne, les chasseurs magdaléniens s’installaient à Pincevent. Le niveau de la Seine étant très bas à cette période de l’année, les berges leur fournissaient les matières premières nécessaires à leur établissement : rognons de silex pour confectionner leurs outils, pierres pour appareiller leurs foyers et branches pour le combustible.

En dépit de leur établissement au bord de l’eau, il ne semble pas que les Magdaléniens de Pincevent pratiquaient la pêche.

Un terrain très favorable à la chasse aux rennes

Une position stratégique

Si les hommes de l’époque revenaient chaque année à cet endroit précis de la vallée, c'était parce qu'ils y attendaient le passage des troupeaux de rennes en route pour leur migration d'automne. La progression des animaux était alors ralentie par la traversée du fleuve et en faisait des proies faciles pour les chasseurs.

Les nombreux restes osseux retrouvés lors des fouilles ont permis de déterminer que les rennes étaient abattus sur une période de temps très courte, quelques semaines tout au plus.

Les chasseurs magdaléniens devaient donc s'organiser pour abattre le maximum d'animaux lors de grandes chasses collectives. Au-delà de la viande, de la graisse et de la moelle, le renne fournissait aussi des matières premières nécessaires à l'équipement domestique de la saison d'hiver : vêtements et couvertures de peaux, aiguilles et poinçons en os, fils de tendons pour la couture et baguettes de bois de renne pour confectionner des pointes de sagaies.

De grandes chasses collectives

L'union fait la force !

Les fouilles du site, commencées en 1964 par André Leroi-Gourhan, puis poursuivies par son équipe, ont révélé que chaque niveau d’occupation comportait plusieurs habitations.

De structures légères, ces abris s'ouvraient sur des foyers où l'on cuisait la viande en même temps que l'on y effectuait des activités de fabrication. On y confectionnait, entre autre, les armatures en silex pour les sagaies. Retrouvées en très grande quantité, usagées, cassées ou en cours de fabrication, ces armatures montrent que la confection et la réparation des armes constituaient l’une des activités essentielles des chasseurs, juste avant et au cours de la saison de la chasse. Ces habitations laissent supposer la présence de petits groupes distincts, rassemblés pour une saison de chasse.

L'hypothèse d'un camp de rassemblement et d'une chasse collective est confirmée par l'étude de la répartition des ossements entre les différentes habitations comme si, au retour de la chasse, il y avait eu partage du gibier entre les participants. Un autre type de foyers a été retrouvé : associés à des concentrations d'outils, de petits amas de débitage et de déchets de bois de renne travaillés, ils correspondent plus à des aires de travail en extérieur.

Un autre mode de vie dû au changement climatique

Changer pour s'adapter

Au cours de ces dernières années, les archéologues, qui continuent à fouiller le site de Pincevent, ont retrouvé un niveau d’occupation très différent des précédents, c'est-à-dire issu d’une période différente.

Ce niveau indique une période où les magdaléniens se sont installés sur la partie haute du site de Pincevent. Ils y ont chassé le renne mais aussi le cheval durant les quatre saisons. La grande quantité d’outils domestiques et d’armatures de sagaies indique que ces chasseurs ont fait des haltes beaucoup plus longues. Ce nouveau mode d’organisation est très probablement à mettre en relation avec les prémices du réchauffement climatique.

La découverte d’une dent humaine de 14000 ans

L'un des plus anciens franciliens connus à ce jour

Les fouilles effectuées au cours de l’année 2011 ont réservé une belle surprise aux archéologues : la mise au jour d’une dent humaine (prémolaire supérieure) dans le niveau supérieur. Elle se trouvait dans une zone de rejets parmi des ossements de chevaux.

Par la suite, quelques fragments d’os longs humains ont également été identifiés au même endroit. Ce sont les premiers ossements humains retrouvés à Pincevent depuis le début des fouilles en 1964. Et c’est aussi l'un des plus anciens vestiges humains retrouvés en Île-de-France.

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