Quelles perceptions pouvons-nous avoir aujourd’hui du musée de Préhistoire d’Île-de-France, achevé en 1981 par l’architecte Roland Simounet ?
Figure de proue de la deuxième vague du brutalisme français, cet ouvrage fait désormais partie de notre patrimoine. Il est devenu le vieux sage que l’on soigne. Néanmoins, à l’heure où la technologie muséographique supplante parfois l’architecture qui l’abrite, ce musée, dans son site forestier, demeure une oeuvre féconde habitée par ce « sens moderne des archaïsmes » cher à l’écrivain J. Pélégri proche de R. Simounet. La mise en oeuvre, orchestrée par ce dernier, met en lumière une synthèse des arts, dont on peut saisir trois aspects riches d’enseignements : la notion d’écomusée, inventée par Georges Henri Rivière, qui sous-entend un dialogue permanent entre scénographie muséale et paysage ; le caractère sacré et profane du musée produit par sa facture monolithique et minérale ; et la dimension architectonique savante d’un bâtiment faisant corps avec son paysage, de sa naissance jusqu’à sa maturité.
Ces linéaments peuplent ainsi ce « grand crâne rempli de songes et de mémoire », et nous feraient-ils imaginer sur cette oeuvre qu’elle serait une forme d’autoportrait de son auteur, à l’instar de nos ancêtres qui dessinaient des figures anthropomorphiques rupestres ?